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  L’ECOLE DE PALO-ALTO

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مُساهمةموضوع: L’ECOLE DE PALO-ALTO    L’ECOLE DE PALO-ALTO I_icon_minitimeالإثنين فبراير 20, 2012 6:18 pm

PRESENTATION GENERALE DE
L’ECOLE DE PALO-ALTO
Petit historique de ... deux écoles dans un même lieu
L’école de Palo-Alto est une dénomination générique un peu trompeuse pour
désigner un ensemble de chercheurs ayant travaillé ensemble dans la petite ville de
Palo-Alto prés de Sanfransisco. Trompeuse, elle l’est pour deux raisons : d’une
part, il n’y a jamais eu d’école proprement dite. Le terme désigne des chercheurs
ayant eu des affinités de travail communes : la thérapie clinique et les théories de
la communication inter-individuelle. D’autre part, il n’y a pas eu un mais deux
regroupements de chercheurs : Bateson et Jackson dans un premier temps,
Watzlawick et quelques autres dans un second temps. Ces deux temps
correspondent à deux moments consécutifs et bien spécifiques du développement
des recherches.
Le premier temps est celui des fondateurs : Bateson, le plus connu encore
aujourd’hui, sera le premier à adapter l’approche systémique à l’étude des
relations humaines, en s’aidant de son imprégnation du terrain qui lui vient de ses
travaux antérieurs d’ethnologue. Les théories systémiques serviront à modéliser
des types d’interactions sociales dans des contextes culturels bien spécifiques,
tandis que l’introduction de notions issues du champ de la cybernétique, comme
celles de feed-back (principe de rétroaction) ou de système homéostatique,
permettait de poser les bases d’une théorie générale de la communication (on peut
avoir une bonne idée de ses théories sur les phénomènes de feed-back en se
référant à son ouvrage de référence, La cérémonie du Naven).
Cette approche neuve avait aussi pour mérite de changer l’angle classique des
causalités successives ; dans un système, c est toute la structure de l’organisation
qui est dynamique et qui participe des évolutions dans le temps : vers
l’homéostasie dans le meilleur des cas ou au contraire vers l’emballement
progressif du système.
C’est seulement à la fin des années quarante que Bateson rejoindra l’hôpital
de la Veterans Administration à Palo-Alto et que, s’entourant d’un petit nombre
de jeunes chercheurs parmi lesquels on trouve des personnalités aussi fortes qu’un
Weackland, le premier groupe de Palo-Alto se constitue. En 1953 le clinicien
Jackson le rejoint et deviendra par la suite l’expérimentateur souvent génial des
thèses Batesoniennes, posant ainsi les bases d’une nouvelle forme de thérapie dans
les problèmes liés notamment à la schizophrénie de jeunes enfants. Pour la
première fois, l’individu n’est plus considéré comme le seul dépositaire de ‘’sa
maladie. En fait, il n’est plus que le signe d’un dysfonctionnement du cadre
général, du groupe d’individus avec qui il est quotidiennement en interaction et
qui constitue son système affectif. Ces nouvelles approches vont non seulement
révolutionner la thérapie clinique mais aussi fournir des arguments théoriques
solides à tous ceux, nombreux aux Etats-Unis, qui remettent en question, soit
l’influence de la psychiatrie traditionnelle sous influence behavioriste, soit
l’hégémonie de la théorisation psychanalytique dans le champ de la psychologie.
Une autre notion, fondamentale en psychologie de la communication sera
approfondie en 1956 sous le nom de double-bind (ou double contrainte), et se
révélera d’une grande efficacité quant à son application thérapeutique.
Le deuxième temps est celui de la rencontre avec Watzlawick. C’est peu
après la création du Mental Research Institute (MRI) par Jackson que Watzlawick
se joint au groupe. Watzlawick, c’est avant tout un individu doté d’une grande
capacité théorique (il est docteur en philosophie et diplômé de psychanalyse), et
qui va peu à peu se démarquer du premier groupe de travail. Sa capacité de
synthèse, ses connaissances en philosophie du langage et en logique lui
permettront de théoriser de manière originale les données issues de la pratique
thérapeutique. Ainsi, il procède le plus souvent par des exemples atypiques ou
imaginaires, ce qui lui permet de pousser les théories à leurs limites, à contrario
d’un Bateson qui a toujours enraciné sa recherche dans les organisations réelles,
soit en tant qu’ethnologue, soit en tant que théoricien - thérapeute.
Watzlawick lui, tourne et retourne les exemples jusqu’à avoir une vision
d’ensemble, synthétique, des notions utilisées, quitte à faire quelques entorses à
certaines règles d’homogénéité du discours. C’est encore cette originalité, assortie
d’un réel humour, qui fait toute la célébrité actuelle de ce chercheur.
Avec le MRI, c’est une autre aventure qui commence, à laquelle se joindront
très vite d’autres noms, plus ou moins illustres : Weakland, Fisch, Hall, etc...
Dans la réalité, les deux groupes de Palo-Alto cohabitèrent et partagèrent un
certain nombre de travaux jusqu’à la mort du fondateur : le 4 juillet 1980
disparaît Gregory Bateson, et avec son départ l’école de Palo-Alto passera de
l’expérience vécue à une reconnaissance parfois mystérieuse, tant il est vrai que le
nom de la ville restera souvent plus connu que les théories qui avaient pris corps
grâce aux talents cumulés de quelques chercheurs inventifs.
Palo-Alto et la nouvelle communication
L’on s’imagine le plus souvent que Palo-Alto est synonyme
d’expérimentations empiriques et de théorisations subtilement déduites de ces
expériences. En fait, la pratique thérapeutique s’est toujours appuyée sur une
vision d’ensemble, théorisée, de la communication inter-individuelle. De ce côté
de l’atlantique, il est de bon ton de réduire Palo-Alto à un regroupement de post
cybernéticiens qui appliqueraient les schémas les plus réducteurs à des
phénomènes complexe.
La réalité est tout autre, à la fois plus modeste et plus ambitieuse.
Du côté de l’ambition, il y a le projet, bien avant la période de l’école de
Palo-Alto, de se servir des théories systémiques de Bertalanffy dans le contexte
bien spécifique de l’étude des relations humaines. Ce point de départ est presque
une révolution dans l’approche des phénomènes de communication dans la mesure
où il substitue à une démarche analytique (la perspective traditionnelle des
sciences) une démarche globale, complexe et dynamique (toutes les interactions en
un temps donné, dans un espace donné, constituent la trame de cette dynamique).
Ainsi pose t-on de nouveaux axiomes :
· Dans un système, ce qui vit, c’est un réseau de communication dont tous les
noeuds sont en interaction les uns avec les autres (on ne peut pas ne pas
communiquer selon la formule de Watzlawick).
· Ces interactions se produisent selon des modalités bien spécifiques et
tendent globalement à l’équilibre général du système (homéostase) ou au
déséquilibre de celui-ci (déséquilibre qui n’est en fait qu’une forme
d’homéostase considérée comme anormale).
· Toute interaction produit des effets de rétroaction (feed-back). Le rôle de
la rétroaction négative est de réduire l ‘écart de ce qui sort par rapport à
une norme fixée ou déviation - d’où l’épithète de négative - tandis que, dans
le cas de la rétroaction positive la même information agit comme une
mesure de l’amplification de la déviation de ce qui sort (Watzlawick).
· Chacun des noeuds de l’interaction possède un champ spécifique qui établit
les limites de son identité culturelle et symbolique (Hall) tandis que toute
situation de communication correspond à un cadre, un point de vue
particulier de la relation qui doit être construite mutuellement selon les
mêmes modalités ou règles ; Si deux cadres se chevauchent, ne
correspondent pas, il y a ce que l’on appelle des paradoxes ou des
contradictions (pouvant générer des effets de double-bind) que la thérapie
ou la vie quotidienne peuvent éliminer en recadrant les réalités divergentes.
Les ajustements et réajustements des réalités, l’importance accordée à
l’analyse des jeux de langage, tout ceci est très éloigné d’une conception
strictement cybernéticienne ou héritée des seules lois de la thermodynamique.
Du côté de la modestie, il y a l’aspect pragmatique de la méthodologie de
recherche : tous les axiomes, postulats et théories recoupent sans cesse des
situations thérapeutiques, permettant d’établir des propositions descriptives (selon
un terme wittgensteinien) fiables et efficaces. Le but affiché n’est pas de valider la
théorie par le biais d’outils de rhétorique argumentative : ce qui montre que la
théorie est vraie, c’est qu’elle est applicable, c’est à dire qu’elle permet le
changement, qu’elle agit comme un levier sur une situation spécifique. Mais en
retour, l’appareil théorique s’affine, se complexifie et s’autonomise peu à peu
jusqu’à se confronter à des cas limites ou absurdes, comme dans les écrits de
Watzlawick (c’est lorsque l’on peut appliquer à une théorie des manipulations, des
mises à l’épreuve successives, qu’elle prouve sa pertinence et se renforce).
Les aspects parfois fragmentaires ou anecdotiques des travaux de l’école
cachent ainsi de vraies trouvailles qui sont pour la plupart très largement
adaptables à d’autres domaines du champ des sciences de la communication que la
seule psychologie de la communication.
La plus grande originalité de l’école de Palo-Alto est pourtant la moins
visible : il s’agit de la conception particulière du langage utilisé dans les processus
thérapeutiques. Ce langage, instrument du changement, est en quelque sorte
neutre, sans essence (il n’est pas le lieu de la vérité en général ni du sens dans
l’absolu) et se démarque profondément de celui utilisé dans d’autres champs de
recherches. Ainsi, pour la psychanalyse, le langage est le lieu où se déploient,
implicitement et explicitement, les désirs ou les frustrations (forcément sexuelles)
de l’individu. Pour le behaviourisme, le langage est le lieu où s’exprime une
forme particulière de la réaction de l’individu aux stimuli extérieurs, toute forme
de langage devant être motivée par des besoins, nécessaires par définition et donc
semblables pour tous (ainsi, personne n’échappe à la prévisibilité des patterns
comportementaux) .
Le langage, ou plutôt les jeux de langage de Palo-Alto permettent d’éviter les
écueils du nominalisme mais aussi toute forme de solipsisme, dans la mesure où il
n’y a de communication que si l’autre s’impose à moi par sa présence même (d’où
l’erreur faite souvent sur le constructivisme inhérent à une telle approche, qui
n’est pas une forme d’autisme au monde ou de tautisme, pour reprendre le terme
de Lucien Sfez).
Ce langage instrumentalisé est au coeur de la pratique thérapeutique, selon
une méthode bien éprouvée : Tout d’abord il s’agit d’étudier le système dans
lequel se situe le comportement pathologique (paranoïa, schizophrénie, etc...) et
de déceler, s’il y a lieu, les phénomènes de double bind. Dans un second temps, on
procède à la fois sous la forme de thérapie collective mettant en jeu les membres
du système incriminé, et par le biais de techniques individualisées de mise en
situation paradoxale. Ces mises en situation consistent à donner l’injonction au
patient de se comporter selon
son mode propre. Devant l’injonction, le patient se retrouve dans la situation
paradoxale de celui à qui l’on dit soyez spontané (l’on crée un double-bind
artificiel) ; situation paradoxale dont on ne peut échapper qu’en prenant
conscience de son propre comportement (le cadre de ma réalité me devient
visible), puis en changeant ce comportement pour échapper à l’injonction
(recadrage d’une autre réalité).
Tout l’art méthodologique de Palo-Alto réside dans cette succession de
phases et toute l’ingéniosité consiste dans l’individualisation de la méthode à
chaque cas, puisqu’il s’agit avant tout de mises en situation qui ne posent aucun à
priori sur les cas traités. En ce sens, la nouvelle communication est une
illustration parfaite d’une pragmatique communicationnelle qui est aussi bien
spécifique (l’aspect pragmatique) à l’univers intellectuel anglo-saxon.
Critiques de Palo Alto
La plupart des critiques sur l’école proviennent, il faut bien ]e reconnaître,
d’une sorte de méconnaissance des notions utilisées, méconnaissance qui conduit
un certain nombre de détracteurs à faire des amalgames entre l’école de Palo-Alto
et la cybernétique (qui compose un champ bien distinct malgré les affinités) ou
encore à considérer que l’aspect fragmentaire des oeuvres et leur aspect
transversal dénote un manque de rigueur théorique.
Néanmoins certains critiques, mieux informés, ont formulé un certain
nombre de remarques dont il faut tenir compte. C’est le cas de Lucien Sfez qui,
dans Critique de la communication, fait deux objections fondamentales à la
démarche Palo-Altienne, objections que nous allons traiter point par point.
Première objection : on ne peut pas ne pas communiquer ; selon Sfez, cette
phrase de Watzlawick, cette profession de foi, correspond à une volonté implicite
d’emprise (on ne peut lui échapper) du champ communicationnel sur les autres
champs de recherche mais aussi sur toute forme d’activité humaine. Puisque ce
champ veut contenir tous les autres, il finit par s’imposer comme un mythe
moderne, une nouvelle religion laïque.
En fait, cette accusation d’hégémonie discrète, si elle peut être défendue, ne
peut s’appliquer au sens de la phrase de Watzlawick, sens explicité par l’auteur
lui-même dans une interview accordée à Carol Wilder en 1977 : si vous [,...]
admettez que tout comportement en présence d’une autre personne est
communication alors il me semble que vous devez aller jusqu’à l’implication de
l’axiome (la phrase citée plus haut).
Watzlawick se place donc dans le seul champ spécifique des théories de la
communication. Ce faisant, sa position n’est pas différente de celle du sociologue
ou de l’ethnologue qui reconnaissent, à l’intérieur de leur champ, tout phénomène
comme pouvant être étudié selon les outils théoriques spécifiques dont ils
disposent.
De plus, les cadres de l’axiome impliquent la présence de l’autre pour qu’il y
ait phénomène communicationnel, ce qui exclut de ce cadre le champ des activités
ou plutôt des processus artistiques dans lesquels le créateur se retrouve seul face à
des choix de production de l’oeuvre (alors même que Sfez inclut ce champ dans la
sphère de domination des théories de la communication).
Deuxième objection : les théories de la communication se
sédimentariseraient dans les processus de feed-back, permettant de fixer la notion
dans le domaine de la thermodynamique. Là encore, on peut toujours discuter des
aspects mécaniste des théories incriminées, mais l’étude des pratiques de l’école
oblige à admettre que c’est bien dans une utilisation particulière du langage (et
une conception tout aussi particulière du langage) que s’ancrent les concepts, bien
que l’influence de certaines notions issues du champ cybernétique soit

incontestable.
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